Sophie Rambert

Sophie Rambert

Démarche

Le corps, entre don et retrait, une dialectique du désir

Le dessin

Si chez d’autres la matière de la peinture me touche, j’aime l’économie de moyens, le caractère précaire et essentiel, irrémédiable aussi, du dessin, et en premier lieu le trait nu, la ligne, fragile, délié ou à l’inverse sèche et tranchante.
Aussi, si j’ai d’abord travaillé à l’encre, j’ai finalement abandonné couleurs, déformations, coulures, pour atteindre, par retrait, avec la pierre noire seule, à ce que le corps peut de ses forces propres, dans sa représentation la plus crue, la plus nue.

Le corps

Le corps, la simple chair et peau dans laquelle nous habitons. Plus que viande le corps est peau: en elle s’inscrit son histoire. Peau façonnée du dehors et que la chair informe, ni enveloppe vide, ni frontière inerte.
Le corps, ce qu’il y a de plus universel en même temps que de plus singulier, de plus familier et intime en même temps que de toujours étranger.
Le corps de l’autre: nu et opaque, expérience de ce qui reste, même dans le plus intime, le plus nu, le plus sur croit-on, inépuisable, insaisissable, inappropriable. Le corps qui dans sa vulnérabilité et sa force est la figure oxymorique des ambivalences partagées, celle du désir, celle des sexes.

Jouant de contrastes entre un trait acéré et le velouté des surfaces, c’est à ce corps vivant, riche de contraires, que je veux renvoyer celui qui regarde comme pour lr ramener à sa propre étrangeté. Le corps est nu, isolé sur la surface nue de la feuille, vide d’où le corps émerge ce qu’il met provisoirement en échec.
C’est un corps sans lieu ni temps, dépouillé de tout vêtement, contexte narration, réduit à sa condition de corps, nu et regardé. Car si le corps figure seul, il est toujours déjà pris dans le regard d’un autre, un regard dont l’absence ici appelle un spectateur.
Corps pris entre intériorité et extériorité, désirant et désiré, qui s’offre et se dérobe, tendu dans son abandon même.

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