Hajou BAHRAM
1952 Naissance en Syrie
Diplomé de l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf (Allemagne)
Il n’est pas sans doute de plus grande satisfaction pour un artiste que celle d’inventer, de s’inventer, un univers. De lui donner vie, de le façonner peu à peu. Un monde à soi qui se peut modifier à tout instant, sur lequel nul n’ait prise, un monde à part. Bahram Hajou, par la poésie de son trait, par ses personnages aux yeux obstinément fixés sur le spectateur, comme pour l’inciter à venir les rejoindre, a su créer un univers identifiable au premier coup d’œil, et à nul autre pareil. Rencontre avec une peinture qui s’apparente à un monde parallèle.
Ce n’est pas seulement par sa manière propre, par l’expression d’une technique, par l’application de tons pastels que Bahram Hajou parvient à coucher sur la toile cette atmosphère étrange, comme émanant des limbes d’une conscience pétrie de fraternité. Derrière la fine couche de peinture, existe la farouche volonté de ne pas voir la peinture comme un art réaliste, mais bien comme un art du rêve et de la liberté…
Les personnages qui traversent ses tableaux, vous apercevant, semblent se méfier, restent sur leurs gardes, comme ces animaux qui ne s’approchent jamais trop près des humains, sachant sans doute trop bien ce qu’il en coûte de se frotter de près à cette espèce incontrôlable, et potentiellement dangereuse.
Il n’y a pas de peur dans ces visages allongés, juste une interrogation : qui êtes-vous ? Etes-vous ami ou ennemi ? C’est un univers idéal peut-être que celui que nous décrit ici l’artiste. Une sorte de paradis perdu où l’on ne connait pas la duplicité, ni le cynisme, ni toutes ces choses qui vous gâchent la vie et que vous portez en vous, malgré vous. C’est un peu la vision utopique d’un monde meilleur, une vue de l’esprit…
Par le truchement de tableaux en apparence légers, Bahram Hajou nous convie à plus d’humanité. Les regards désarmants de ses personnages… désarment, et vous immergent dans une peinture sans agressivité, dont le discours premier est un message de paix et de fraternité. Ludovic Duhamel